Les principes de la permaculture peuvent-ils être appliqués à toute entreprise ? Oui selon norsys (services numériques, 750 salariés), que le PDG Sylvain Breuzard a engagée sur le chemin de la « permaentreprise » en 2021.
Ce nouveau mode de développement emprunte ses trois principes éthiques à la permaculture :
prendre soin des humains
préserver la planète
fixer les limites et redistribuer
Alors qu’une révolution environnementale en matière agricole se fait toujours attendre, on pourrait voir dans ce néologisme un n-ième « buzzword » plus ou moins creux, aux côtés de la « permaindustrie » portée par un autre collectif d’entreprises.
Certes la transformation d’un processus de fabrication, d’un modèle économique, comme de pratiques culturales, n’a en général pas grand-chose de simple. Mais la méthode « perma » a déjà été expérimentée par plus de 200 entreprises, avec des exemples probants.
L’article du CERDD sur le Climatour « Entreprises et Climat », organisé en septembre dernier autour du cas Bastien Tissages Techniques, montre que des changements importants sont possibles, 𝒕𝒐𝒖𝒕 𝒆𝒏 𝒑𝒓𝒆́𝒔𝒆𝒓𝒗𝒂𝒏𝒕 𝒗𝒐𝒊𝒓𝒆 𝒆𝒏 𝒓𝒆𝒏𝒇𝒐𝒓𝒄̧𝒂𝒏𝒕 𝒍𝒂 𝒑𝒆́𝒓𝒆𝒏𝒏𝒊𝒕𝒆́ 𝒆́𝒄𝒐𝒏𝒐𝒎𝒊𝒒𝒖𝒆 𝒅𝒆 𝒍𝒂 𝒔𝒕𝒓𝒖𝒄𝒕𝒖𝒓𝒆.
Experte en tissu technique industriel agroalimentaire depuis 1950, l’entreprise Bastien s’oriente ainsi vers une économie de la fonctionnalité et de la coopération avec notamment :
la construction d’une proposition commerciale autour de la location-entretien des toiles
l’upcycling de certaines toiles usagées en partenariat avec un des clients de la filière agro-alimentaire
le lancement récent d’une gamme d’emballages réutilisables (l’Artisan Tisserin) auprès des particuliers.
Un effort de recherche et développement est réalisé pour orienter la production en majorité vers des tissus naturels, avec l’appui d’EuraMaterials, pôle de compétitivité régional. 𝗕𝗮𝘀𝘁𝗶𝗲𝗻 𝗳𝗮𝗶𝘁 𝗽𝗮𝗿𝘁𝗶𝗲 𝗱’𝘂𝗻 𝗰𝗼𝗹𝗹𝗲𝗰𝘁𝗶𝗳 𝗾𝘂𝗶 𝘀’𝗮𝘁𝘁𝗮𝗰𝗵𝗲 𝗮̀ 𝗳𝗮𝗶𝗿𝗲 𝗿𝗲𝘃𝗶𝘃𝗿𝗲 𝗹𝗮 𝗳𝗶𝗹𝗶𝗲̀𝗿𝗲 𝗰𝗵𝗮𝗻𝘃𝗿𝗲 𝗱𝗮𝗻𝘀 𝗹𝗲 𝗻𝗼𝗿𝗱 𝗱𝗲 𝗹𝗮 𝗙𝗿𝗮𝗻𝗰𝗲, 𝗱𝗲𝗽𝘂𝗶𝘀 𝗹𝗮 𝗰𝘂𝗹𝘁𝘂𝗿𝗲 𝗷𝘂𝘀𝗾𝘂’𝗮̀ 𝗹𝗮 𝗽𝗿𝗼𝗱𝘂𝗰𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗱𝗲 𝗳𝗶𝗹𝘀.
Cette fibre aux multiples usages (alimentation, cosmétique, pharmacie… pour la graine ; et textile, matériaux techniques notamment en aéronautique, automobile, construction… pour la fibre) est bien plus vertueuse du point de vue de l’environnement que le coton. 6 hectares de chanvre ont été semés en 2023. Précision au cas où : les variétés cultivées à ces fins ne contiennent aucune substance psychotrope ! 
Sans vouloir faire de cette publication un éloge, on pourrait citer aussi le bâtiment bioclimatique, rénové et étendu, une place privilégiée laissée aux espaces végétalisés, et un bilan RH dont les principaux chiffres en 2023 parlent d’eux-mêmes :
Satisfaction salariés : 91%
Accident du travail : 0
Absentéisme : 1,4%
Comme le diable est dans les détails, soulignons enfin que l’entreprise évite deux chausse-trappes en termes de communication :
- s’agissant de son bilan « gaz à effet de serre », Bastien ne prétend pas avoir atteint la neutralité carbone (notion n’ayant guère de sens à l’échelle d’une organisation), mais indique que « l’effort de contribution à la neutralité carbone peut être considéré comme atteint voire dépassé, la séquestration occasionnée par la production agricole relocalisée étant supérieure à l’impact carbone des activités »
- un objectif d’activité non pas « régénérative » tout court comme on le lit parfois (ni réaliste ni démontrable), mais « à visée régénérative », nuance importante !
